Chère Julie,
En mai 2018 je t’écrivais une première lettre, des lignes oubliées avec le temps. Il y a quelques jours j’ai reçu un message si touchant d’une jeune abonnée qui me disait combien elle avait pleuré lorsqu’elle l’avait lue, que j’ai eu envie de me replonger dans cette lettre puis de te réécrire pour te raconter ce qu’il s’est passé depuis et pour te rassurer sur ce changement inespéré qui a fini par arriver. 2 ans c’est si proche et si loin à la fois, alors aujourd’hui, moi, ce toi adulte, je reprends ma plume, pour te conter la suite de ton histoire, tout du moins ce que j’aurais aimé que tu saches lorsque le doute te gagnait. À l’heure où je te parle, tu es une jeune adulte si mal dans sa peau qu’elle préfère se cacher plutôt que d’affronter le regard des autres, toi et ton tempérament susceptible, si je t’avais en face de moi je te ferais la morale, même si je sais pertinemment que tu ne m’écouterais pas. Tu fais une grosse erreur, à force de te renfermer sur ton mal être pour un physique dont tu as honte, et des regards malveillants qui n’existent bien souvent que dans ta tête, l’anxiété va débarquer dans ta vie, jusqu’à se généraliser et te faire toucher le fond. Mais ça je te l’ai déjà raconté, toi qui passes ton temps à te sous-estimer, tu trouveras les ressources nécessaires pour remporter le combat contre ce mal qui t’aura volé bien trop d’années.
Le temps ne se rattrape pas alors ne te repose pas sur tes lauriers, tu as une autre bataille à mener, certes l’anxiété se conjuguera bientôt au passé, mais l’obésité elle, elle sera toujours là et ça depuis bien trop longtemps. Alors tu vas tenter des régimes, songer à te faire opérer pour t’en libérer, mais ta peur des aiguilles et des hôpitaux prendra le dessus, un mal pour un bien. Non Julie, ton combat contre les kilos en trop tu vas le gagner seule. Toi qui t’étais faite une raison, toi qui pensais vivre toute ta vie dans ce corps que tu n’as jamais réussi à accepter et aimer jusque là, j’ai le bonheur de t’annoncer que ça ne sera pas le cas. Un jour toi aussi tu t’habilleras dans ces magasins où la plupart des filles vont et dans lesquels tu n’as jamais osé rentrer de peur d’être dévisagée, moquée. Et puis tu voyageras sans cette appréhension que les sièges ne soient trop petits, de te retrouver à l’étroit et si mal à l’aise vis à vis des regards d’inconnus. Tu finiras même par prendre goût à la marche, comme ton amoureux, lui après qui tu as tant râlé parce que tu transpirais dès que tu faisais quelques mètres à pieds. Tu vas vivre tes premiers étés en robes légères, terminée la torture des vêtements qui te tenaient bien trop chauds, mais que tu mettais pour camoufler tes jambes et tes bras. Tu n’auras plus la hantise d’être prise en photo par surprise par tes proches, toi qui préférais méconnaître ton reflet plutôt que de l’affronter. Tu ne craindras même plus que l’on te reconnaisse dans la rue, en résumé tu te fondras à la masse et, au fond, aussi bête et simple que cela puisse paraître, je sais que c’est ce que tu as toujours voulu. Tu rêveras de les convaincre de se lancer toutes ces abonnées mal dans leur peau qui t’écriront pour te dire qu’elles sont admiratives de ton parcours, mais ne pensent pas avoir le mental nécessaire pour faire de même. Alors tu seras animée, animée par cette envie de crier haut et fort que oui c’est possible, que ce n’est pas à la nourriture de contrôler une vie, un corps, mais bien l’inverse et que les efforts à fournir ne sont pas colossaux à côté du bonheur de se sentir bien dans sa peau, épanouie. Pour connaître mieux que quiconque ce mal être, tu espèreras de tout coeur trouver les mots justes, non pas pour les encourager à atteindre la pseudo perfection des papiers glacés, toi même ça n’a jamais été ton objectif, mais simplement pour qu’à leur tour, comme toi, elles puissent faire la paix avec leur corps.
Ma chère Julie, aujourd’hui j’ai du te surprendre, en tout cas j’espère t’avoir redonné du baume au coeur en te racontant ce futur qui t’attend. Au fait je ne t’ai pas dit, mais tu vas te marier, ton amoureux a fait sa demande, je parie que tu t’y attendais encore moins à cette nouvelle là ! Et toi qui adores les chiens tant leur présence t’apaise, vous deviendrez même les parents d’un adorable nounours que vous appellerez Georges, un prénom qui, parait-il, lui va comme un gant. J’aimerais te raconter la suite, j’aimerais te dire qu’elle sera radieuse, que tous les rêves qu’ils te restent à concrétiser deviendront réalité, mais pour le moment je ne la connais pas, et puis tu es bien placée pour savoir que la vie n’est pas toujours rose, qu’elle glisse sur chaque chemin des épreuves qui forgent et forcent à profiter de l’instant présent lorsqu’il se veut radieux.
Non Julie, définitivement le temps ne se rattrape pas, le passé restera inchangé, mais rappelle-toi que l’avenir, lui, sera toujours entre tes mains, plus que jamais garde dans un petit coin de ta tête ce conseil que papa te répétait souvent « la peur n’évite pas le danger« , et écris la suite en continuant de n’en faire qu’à ta tête, elle t’appartient.
4 Comments
Bravo Julie ! Ta transformation m’impressionne ! J’espère y arriver moi aussi, car là je ne me supporte plus ! Mon physique ne correspond pas du tout à ce que je suis !
Merci 🙂 Tu es la seule à pouvoir le faire, fonce, on se sent tellement plus légère, à tous points de vue, aussi bien dans sa tête que dans son corps !
Quelle lettre touchante Julie ❤️
Félicitations pour ton parcours passé et beaucoup de courage et de réussite pour ton futur ❤️
Merci beaucoup Estelle ♥